Histoire des Idées et Critique Littéraire
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Qu’elle soit décrite, commentée ou interrogée, la parole relève dans les romans et les nouvelles de Jules Barbey d’Aurevilly d'un traitement si privilégié qu’il faut reconnaître en elle l’une des obsessions de cette œuvre : dans les récits, (se) parler – ou non – fait toujours l'objet d'un investissement décisif. Ce qui se dit, la manière dont cela est énoncé, les raisons pour lesquelles on s’exprime et les conséquences pour celui qui entend, tout ce qui ressortit à la parole revêt dans les fictions aurevilliennes une importance trop grande pour ne pas déterminer aussi bien leur écriture que leur réception. Au coeur même des enjeux narratifs, esthétiques et inconscients des textes, elle exerce sur toute chose une fascinante tutelle. Car, dans cet univers romanesque-là, il n’est pas de liberté : on peut dénier sa force, masquer son influence, se révolter contre son pouvoir, la parole reste ce à quoi tout est assujetti. Dès lors, l’ambition du travail de Laurence Claude-Phalippou consiste à donner une nouvelle actualité à l’intuition de Julien Gracq : « Il ne s’agit pas de défendre Barbey – il n’en a pas besoin – il s’agit de le lire, je dirai qu’il s’agit surtout, au sens très concret du terme, de savoir l’écouter ».
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